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résista ne se croyant pas digne de ce sublime degré, mais ayant été vivement sollicité de se rendre à des ordres auxquels il y eut eu de la témérité à résister, il se disposa à cette grande action par une prière plus fervente, par une pénitence plus austère et par de grandes mortifications.

Après avoir receû la grâce de l’ordination, il renouvella et augmenta son zèle en sorte qu’il chercha tous les moyens de procurer la gloire de Dieu et le salut des âmes. Il commença à l’exercer dans la ville de Marle en assistant spirituellement et corporellement le pauvre peuple que la cherté des vivres et les courses des armées réduisoient dans une extrême indigence.[1] Mais comme il aymoit l’ordre dans tout ce qu’il faisoit, ses aumônes étoient réglées par la prudence. Il ne donnoit qu’à ceux qui voulaient bien recevoir ses instructions. Il donnoit du pain et des étoffes pour nourrir et habiller ceux qui manquoient de tout, mais ce n’était qu’après qu’il leur avoit rompu le pain de la parole de Dieu. Il préparoit avec un soin particulier les enfans à la 1e communion, estimant que c’estoit l’action la plus importante de la vie, et ensuitte il faisoit tout au monde pour entretenir la grace dans leur ame. Il alloit faire la mesme chose à la campagne, et en remédiant aux misères des paysans il arrestoit et prévenoit mesme les passions que les travaux et les tribulations pouvoient exciter dans leurs âmes.

Estant de retour à Paris dans la Communauté de S. Nicolas du Chardonnet, il continua de travailler avec une plus forte attention non seulement à sa propre perfection, mais encore à celle du prochain, et faisant toujours réflexion sur les malheurs de l’état ecclésiastique qui gémissoit dans l’ignorance et le dérèglement, il fut prié de dresser pour chaque vendredy de l’année cinquante deux méditations sur les conférences spirituelles et ecclésiastiques dudit séminaire, ce qu’il fit à la satisfaction de la Communauté. On le porta encore à faire des méditations pour tous les dimanches et festes de l’année et, quoy qu’il eût de la répugnance à entreprendre ce travail, il se rendit à la volonté des supérieurs et réussit.

[p. 683] Enfin, il fut conseillé de faire des méditations sur les vérités chrestiennes et ecclésiastiques pour l’utilité qui en reviendroit à l’Eglise mais il jugea que ce dessein était trop vaste et trop étudié et beaucoup au-dessus de ses forces, mais comme on luy représenta que cet ouvrage était très nécessaire pour les fidèles, et en particulier pour les ecclésiastiques qui ne connoissoient [pas], pour la pluspart, leurs obligations, qui n’entroient souvent dans l’Eglise que par des vuës humaines[2] et des motifs intéressés, que les examinateurs recevoient

  1. Sur Reims à l’époque de la jeunesse de Nicolas Roland voir G. Boussineso et G. Laurent, Histoire de Reims, t. 2, Reims, 1933.
  2. Ce souci d’échapper aux vues humaines lors du choix d’un état de vie se retrouve chez Nicolas Roland lorsqu’il prend contact, à Paris, avec diverses commu-