Page:Claude Leleu - Histoire de Laon, ms. inédit, t. II, (p. 677-692, p. 884-885).pdf/9

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Sortant des exercices, il se disposa à recevoir la tonsure qu’il receût en effect avec toutes les préparations requises comme le 1er pas pour entrer dans l’Eglise avec les intentions de se donner entièrement à Dieu qu’il prit pour sa part et portion et pour son héritage à jamais, ce qu’il alloit[1] faire paroître dans la suitte disant qu’il ne pouvoit pas estre bon prestre sans estre bon élève.

Il voulut recommencer sa philosophie dans l’Université de Paris parce que, n’ayant etudié que sous les Jésuites,[2] il étoit exclu des degrés qu’il avoit besoin de prendre pour servir l’Eglise avec plus d’autorité, mais les prestres de la Communauté de S. Nicolas du Chardonnet et ses amys luy ayant fait voir qu’il se passeroit bien du temps pour arriver là et qu’il pourroit le mieux employer, il désista et se rendit par humilité à leurs conseils. Il se donna aussitost à l’étude de la Théologie où il réussit parfaitement. Il soutint des thèses dans laditte communauté contre l’ordinaire où il fit voir sa suffisance et sa capacité et le progrès qu’il faisoit dans cette science. Ses études ne tendoient qu’à chercher Dieu, pour le faire connoistre au prochain et travailler au salut des ames.

Des études réglées par les intentions si pures étoient trop saintes pour nuire à sa dévotion. Aussy ne les commençoit-il jamais sans les offrir à Dieu et luy demander ses lumières. Il les accompagnoit de beaucoup d’oraisons jaculatoires et ne se proposoit la connaissance des lettres que comme un instrument nécessaire au dessein de procurer la gloire de Dieu qu’il avoit toujours en vuë.[3]

[…] Tandis qu’il étudioit de la sorte il avoit soin de faire des catéchismes dans la paroisse de S. Nicolas du Chardonnet pour l’instruction de la jeunesse et des personnes avancées en aage qui pouvoient en avoir besoin. Il s’en acquittoit avec tant de zèle et de force qu’il s’y faisoit un concours nombreux de peuple parmy lequel des gens sçavans se mesloient adroitement pour l’entendre. Ils en étoient si édifiés qu’ils les préféroient aux plus sublimes prédications. Il composa alors le Règlement des catéchismes[4] pour faciliter à ceux qui les faisoient l’ordre et la manière qu’ils devaient suivre et leur donner la méthode dont ils avoient besoin pour y réussir.

Son zèle, qui étoit éclairé, le porta à travailler pour la ville de Marle dont il étoit originaire, et pour ce sujet il y fit une fondation considérable par deux motifs qu’il avoit depuis longtemps dans

  1. Le ms. écrit alez par une évidente distraction orthographique.
  2. La querelle entre les monopoles des Universités et la liberté de décerner des diplômes que revendiquaient les Jésuites battait alors son plein.
  3. Influence ignacienne évidente : Ad maiorem Dei gloriam, Nicolas Roland en bénéficiera à son tour et la transmettra à saint J.B. de La Salle, qui, lui ne fréquenta pas le collège des Jésuites de Reims. La formule des vœux des Frères des écoles chrétiennes comporte en effet la phrase : «Je me consacre tout à vous pour procurer votre gloire autant qu’il me sera possible »…
  4. Nous mettons en italiques lorsqu’il s’agit d’ouvrages composés par Beuvelet, même s’ils n’ont pas fait l’objet d’une publication.