Page:Claudel - Connaissance de l’est larousse 1920.djvu/131

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colonnes du Temple, ce sont des arches déposées.

Maisons, oui ; le sanctuaire proprement est ici une maison. Plus haut sur le talus de la montagne on a relégué les ossements enfermés dans un cylindre de bronze. Mais, dans cette chambre, l’âme du mort, assise sur le nom inaltérable, continue dans l’obscurité de la splendeur close une habitation spectrale.

Inverse à l’autre procédé qui emploie et met en valeur, sans l’apport d’aucun élément étranger, la pierre et le bois, selon leurs vertus propres, l’artifice a été d’anéantir, ici, la matière. Ces cloisons, les parois de ces caisses, les parquets et les plafonds ne sont plus faits de poutres et de planches, mais d’une certaine conjuration d’images avec opacité. La couleur habille et pare le bois, la laque le noie sous d’impénétrables eaux, la peinture le voile sous ses prestiges, la sculpture profondément l’affouille et le transfigure. Les têtes d’ais, les moindres clous, dès qu’ils atteignent la surface magique, se couvrent d’arabesques et de guillochures. Mais comme sur les paravents on voit les arbres en fleur et les monts tremper dans une brume radieuse, ces palais émergent, tout entiers, de l’or. Aux toits, aux façades que frappe le plein jour, il avive seulement les arêtes d’éclairs épars, mais dans les constructions latérales il