Va, je te connais à fond. Tu es un Turelure. Tu es un vrai Français. Est-ce qu’un Français peut se passer de femme ?
LOUIS — Je puis me passer de toi.
LUMÎR — Elle t’aime. Tu serres les dents ?
LOUIS — Ce n’est pas une chose agréable à entendre dire.
LUMIR — Elle t’aime. J’ai vu comme elle te regarde aussi tendre et vibrante sous ton
œil qu’une corde à violon. Elle te collera au corps avec ses yeux noirs ! Elle t’entrera dans le corps comme de la ficelle, le lierre dans du bois de chêne.
LOUIS — C’est bien. C’est tout de même moi qui suis le plus fort.
LUMIR — Vis heureux.
LOUIS — Heureux ou non.
LUMÎR — Adieu donc, frère !
LOUIS — Ah, ne souris pas ainsi, avec ce sourire qui dégoiûte d’être vivant !
LUMIR — Vis. je ne veux pas de toi.
LOUIS — Penses-tu sauver la Pologne ?
LUMIR — C’est la moquerie que vous me
Page:Claudel - Le Pain dur, 1918.djvu/140
Apparence
Cette page n’a pas encore été corrigée