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claudine à l’école

et la Directrice, lutinée par le délégué cantonal, encouragée par Mlle Sergent, et ses yeux noircissent. Ah ! Ah ! il n’est pas jaloux, non, c’est moi ! Je crois bien qu’il retournerait sur ses pas si la rousse, elle-même, ne l’appelait. Il accourt à grandes enjambées et salue profondément Dutertre qui lui serre la main familièrement, avec un geste de félicitations. Le pâle Armand rougit, s’illumine, et regarde sa petite fiancée avec un tendre orgueil. Pauvre Richelieu, il me fait de la peine ! Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai idée que cette Aimée qui joue à demi l’inconscience et s’engage si vite ne lui donnera guère de bonheur. La grande Anaïs ne perd pas un geste du groupe, et en oublie de m’injurier.

— Dis donc, me souffle-t-elle tout bas, qu’est-ce qu’ils font comme ça ensemble ? Qu’est-ce qu’il y a ?

J’éclate : « Il y a que M. Armand, le compas, Richelieu, oui, a demandé la main de Mlle Lanthenay, qu’elle la lui a accordée, qu’ils sont fiancés, et que Dutertre les félicite, à l’heure qu’il est ! C’est ça qu’il y a !

— Ah !… Bien vrai, alors ! Comment, il lui a demandé sa main, pour se marier ?

Je ne peux pas m’empêcher de rire ; elle a lâché le mot si naturellement, avec une naïveté qui ne lui est pas habituelle ! Mais je ne la laisse pas moisir dans sa stupéfaction : « Cours, cours, va chercher n’importe quoi dans la classe, entends