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claudine à l’école

noir, et pas la moindre Mlle Sergent, pas la moindre Mlle Lanthenay. Ça devient curieux ! Je ressors, je pousse la porte de l’escalier ; rien dans l’escalier ! Si je montais ? Oui, mais qu’est-ce que je répondrai, si on me trouve là ? Bah ? je dirai que je viens chercher Mlle Sergent, parce que j’ai entendu sa vieille paysanne de mère qui l’appelait.

Houche ! Je monte sur mes chaussons, doucement, doucement, en laissant mes sabots en bas. Rien en haut de l’escalier. Mais voici la porte d’une chambre qui bâille un peu, et je ne songe plus à rien autre qu’à regarder par l’ouverture. Mlle Sergent, assise dans son grand fauteuil, me tourne le dos, heureusement, et tient son adjointe sur ses genoux, comme un bébé ; Aimée soupire doucement et embrasse de tout son cœur la rousse qui la serre. À la bonne heure ! On ne dira pas que cette directrice rudoie ses subordonnées ! Je ne vois pas leurs figures parce que le fauteuil a un grand dossier assez haut, mais je n’ai pas besoin de les voir. Mon cœur me bat dans les oreilles, et tout d’un coup je bondis dans l’escalier sur mes chaussons muets.

Trois secondes après je suis réinstallée à ma place, près de la grande Anaïs qui se délecte à la lecture et aux images du Supplément. Pour qu’on ne s’aperçoive pas de mon trouble, je demande à voir aussi, comme si ça m’intéressait ! Il y a un conte de Catulle Mendès, tout câlin, qui me plairait, mais je n’ai pas bien la tête à ce que je lis,