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claudine à l’école

de ma poche un cahier de papier à cigarette (je ne mange que le Nil !) et je mâche avec enthousiasme.

— Ma vieille, dit Anaïs, j’ai trouvé quelque chose d’épatant à manger.

— Quoi ? des vieux journaux ?

— Non ; la mine des crayons rouges d’un côté et bleus de l’autre, tu sais bien. Le côté bleu est un peu meilleur. J’en ai déjà chipé cinq dans le placard aux fournitures. C’est délicieux !

— Fais voir que j’essaie. Non, pas fameux. Je m’en tiendrai à mon Nil.

— T’es bête, tu sais pas ce qui est bon !

Pendant que nous bavardons tout bas, Mlle Sergent, absorbée, fait lire la petite Luce sans l’écouter. Une idée ! Qu’est-ce que je pourrais bien inventer pour qu’on la place à côté de moi, cette gamine ? J’essaierais de lui faire dire ce qu’elle sait de sa sœur Aimée, elle parlerait peut-être… d’autant plus qu’elle me suit, quand je traverse la classe, avec des yeux étonnés et curieux, un peu souriants, des yeux verts, d’un vert étrange, qui brunit dans l’ombre, et bordés de cils noirs, longs…

Ce qu’ils restent longtemps, là-bas ! Est-ce qu’elle ne va pas venir nous faire réciter la géographie, cette petite dévergondée ?

— Dis donc, Anaïs, il est deux heures.

— Ben quoi, te plains pas ! Si on pouvait ne pas