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claudine à l’école

je vais rentrer dans la classe, désolée, — car le temps moral est écoulé, hélas ! — je vois Dutertre qui sort (tout seul), de l’école neuve, en remettant ses gants d’un air satisfait. Il ne vient pas ici, et s’en va directement en ville. Aimée n’est pas avec lui, mais ça m’est égal, j’en ai assez vu. Je me retourne pour rentrer en classe, mais je recule effrayée : à vingt pas de moi — derrière un mur neuf haut de six pieds qui protège le petit « édicule » des garçons (semblable au nôtre et également provisoire) — apparaît la tête d’Armand. Le pauvre Duplessis, pâle et ravagé, regarde dans la direction de notre école neuve ; je le vois pendant cinq secondes, et puis il disparaît, enfilant à toutes jambes le chemin qui mène aux bois. Je ne ris plus. Qu’est—ce que tout ça va devenir ? Rentrons vite, sans flâner davantage.

La classe bouillonne toujours : Marie Belhomme a tracé sur la table un carré traversé de deux diagonales et de deux droites qui se coupent au centre du carré, la « Caillotte », et joue gravement à ce jeu délicieux avec la nouvelle petite Lanthenay — pauvre petite Luce ! — qui doit trouver cette école fantastique. Et Mlle Sergent regarde toujours à la fenêtre.

Anaïs, en train de colorier aux crayons Conté les portraits des grands hommes les plus hideux de l’Histoire de France, m’accueille par un « quoi que t’as vu ? »

— Ma vieille, ne blague plus ! Armand Duples-