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claudine à l’école

— Dame, dans leurs chambres.

A-t-elle voulu dire leur chambre, ou leurs chambres ? Malheureuse, va ! Elles les gagne, ses soixante quinze francs par mois !

— Voulez-vous que je vous prête des livres, Mademoiselle, si vous vous ennuyez le soir ?

(Quelle joie ! Elle en devient presque rose !)

— Oh ! je veux bien… Oh ! vous êtes bien aimable ; est-ce que vous croyez que cela ne fâchera pas la Directrice ?

Mlle Sergent ? Si vous croyez qu’elle le saura seulement, vous avez encore des illusions sur l’intérêt que vous porte cette rousse !

Elle sourit, presque avec confiance, et me demande si je veux lui prêter le Roman d’un Jeune Homme Pauvre, qu’elle a tant envie de lire ! Certes, elle l’aura demain, son Feuillet romanesque ; elle me fait pitié, cette abandonnée ! Je l’élèverais bien au rang d’alliée, mais comment compter sur cette pauvre fille chlorotique, et trop peureuse ?

À pas silencieux, la sœur de la favorite s’avance, la petite Luce Lanthenay, contente et effarouchée de causer avec moi.

— Bonjour, petit singe ; dis-moi « bonjour, Votre Altesse », dis-le tout de suite. Tu as bien dormi ?

Je lui caresse rudement les cheveux, ce qui ne paraît pas lui déplaire, et elle me rit de ses yeux verts pareils, pareils tout à fait, aux yeux de Fanchette, ma belle chatte.

— Oui, Votre Altesse, j’ai bien dormi.