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claudine à l’école

c’est « Garces ! » Armand a traîné son collègue essoufflé jusque dans la classe où nos institutrices muettes se serrent l’une contre l’autre, il crie : « Traînées ! Je ne veux pas m’en aller sans vous le dire, ce que vous êtes, quand j’y perdrais ma place ! Espèce de petite rosse ! Ah ! tu vas te faire tripoter pour de l’argent par ce cochon de délégué cantonal ! Tu es pire qu’une fille de trottoir, mais celle-ci vaut encore moins que toi, cette sacrée rousse qui te rend pareille à elle. Deux rosses, deux rosses, vous êtes deux rosse, cette maison est… » Je n’ai pas entendu quoi. Rabastens, qui doit avoir doubles muscles comme Tartarin, réussit à entraîner le malheureux qui s’étrangle d’injures. Mlle Griset, perdant la tête, refoule dans la petite classe les gamines qui en sortaient, et je me sauve, le cœur un peu secoué. Mais je suis contente que Duplessis ait éclaté sans plus attendre, car Aimée ne pourra pas m’accuser de l’avoir averti.

En revenant l’après-midi, nous trouvons en tout et pour tout, Mlle Griset qui répète la même phrase à chaque nouvelle arrivante : « Mlle Sergent est malade, et Mlle Lanthenay va partir dans sa famille ; il ne faudra pas revenir avant une semaine. »

C’est bon, on s’en va ; mais, vrai, cette École n’est pas banale !