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claudine à l’école

— « Vite, vite donne d’autres, pour ôter le goût, celles-là étaient flogres[1] ! »

Comme par hasard, tandis que nous jouons à la grue, Rabastens entre dans la cour, porteur de je ne sais quels cahiers-prétextes. Il feint une aimable surprise en me revoyant et profite de l’occasion pour me mettre sous les yeux une romance dont il lit les amoureuses paroles d’une voix roucoulante. Pauvre nigaud d’Antonin, tu ne peux plus me servir à rien, maintenant, et tu ne m’as jamais servi à grand’chose. C’est tout au plus si tu seras encore bon à m’amuser pendant quelque temps, et surtout à exciter la jalousie de mes camarades. Si tu t’en allais…

— Monsieur, vous trouverez ces demoiselles dans la classe du fond ; je crois les avoir aperçues qui descendaient, n’est-ce pas Anaïs ?

Il pense que je le renvoie à cause des yeux malins de mes compagnes, me lance un regard éloquent et s’éloigne. Je hausse les épaules aux « Hum ! » entendus de la grande Anaïs et de Marie Belhomme, et nous reprenons une émouvante partie de « tourne-couteau » au cours de laquelle la débutante Luce commet fautes sur fautes. C’est jeune, ça ne sait pas ! On sonne la rentrée.

Leçon de couture, épreuve d’examen ; c’est à dire qu’on nous fait exécuter les échantillons de

  1. Blettes, — ne se dit que des fruits pourris.