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claudine à l’école

l’écoute, elle répond : « Oui, Monsieur l’Inspecteur. » Ses yeux se reculent et s’enfoncent ; elle a sûrement envie de le battre. Il a fini de la raser, c’est à notre tour.

— Que lisait cette jeune fille, quand je suis entré ?

La jeune fille, Anaïs, cache le papier buvard rose qu’elle mastiquait et interrompt le récit, évidemment scandaleux, qu’elle déversait dans les oreilles de Marie Belhomme qui, choquée, cramoisie, mais attentive, roule ses yeux d’oiseau avec un effarement pudique. Sale Anaïs ! Qu’est-ce que ça peut bien être que ces histoires-là ?

— Voyons, mon enfant, dites vouâr ce que vous lisiez.

La Robe, Monsieur l’Inspecteur.

— Veuillez reprendre.

Elle recommence, avec des mines faussement intimidées, pendant que Blanchot nous examine de ses yeux vert sale. Il blâme toute coquetterie, et ses sourcils se froncent quand il voit un velours noir sur un cou blanc, ou des frisettes qui volent sur le front et les tempes. Moi, il m’attrape à chacune de ses visites, à cause de mes cheveux toujours défaits et bouclés, et aussi des grandes collerettes blanches, plissées, que je porte sur mes robes sombres. C’est pourtant d’une simplicité que j’aime, mais assez gentille pour qu’il trouve mes costumes affreusement répréhensibles. La grande Anaïs a terminé la Robe et il lui en fait analyser