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claudine à l’école

elle s’arrête net et soupire d’angoisse… Je vois ses regards fixés sur mes mains, anxieusement, et je m’aperçois qu’elles sont noires des papiers brûlés que j’ai touchés. Je ne vais pas lui mentir, bien sûr. Je prends l’offensive :

— Eh bien, quoi ?

— Tu y es allée, hein, chercher dans le poêle ?

— Bien sûr que j’y suis allée ! Pas de danger que je laisse perdre une occasion pareille de lire tes lettres !

— Elles sont brûlées ?

— Heureusement non ; tiens, regarde là-dedans.

Je lui montre les papiers, en les tenant solidement. Elle darde sur moi des yeux vraiment meurtriers, mais n’ose pas sauter sur ma serviette, trop sûre que je la rosserais ! Je vais la consoler un peu ; elle me fait presque de la peine.

— Écoute, je vais lire ce qui n’est pas brûlé, parce que ça me fait trop envie ; et puis je te rapporterai tout ce soir. Je ne suis pas encore trop mauvaise ?

Elle se méfie beaucoup.

— Tu les rapporteras ? vrai ?

— Ma pure parole ! Je te les remettrai à la récréation, avant de rentrer.

Elle s’en va, désemparée, inquiète, plus jaune et plus longue que de coutume.

À la maison, j’épluche enfin ces lettres. Grosse déception ! Ce n’est pas ce que je pensais. Un mé-