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claudine à l’école

Marie Belhomme, et Anaïs avec Luce Lanthenay. Je crois que cela ira assez bien ainsi. » La petite Luce n’est pas du tout de cet avis ! Elle prend son paquet d’un air penaud et s’en va tristement avec la grande Anaïs dans la chambre en face de la mienne. Marie et moi nous nous installons, je me déshabille vivement pour laver la poussière du train, et derrière les volets, clos à cause du soleil, nous vagabondons en chemise, avec volupté. Le voilà, le costume rationnel, le seul pratique !

Dans la cour, on chante ; je regarde et je vois la grosse patronne assise à l’ombre avec des servantes, des jeunes gens, des jeunes filles ; tout ça bêle des romances sentimentales : « Manon, voici le soleil ! » en confectionnant des roses en papier et des guirlandes de lierre pour décorer la façade, demain. Des branches de pin jonchent la cour ; la table de fer peint est chargée de bouteilles de bière et de verres ; le paradis terrestre, quoi !

On frappe : c’est Mlle Sergent ; elle peut entrer, elle ne me gêne pas. Je la reçois en chemise pendant que Marie Belhomme passe précipitamment un jupon, par respect. Elle n’a pas l’air de s’en apercevoir, d’ailleurs, et nous engage seulement à nous dépêcher ; le déjeuner est servi. Nous descendons toutes. Luce se plaint de leur chambre, éclairée par en haut, pas même la ressource de se mettre à la fenêtre !

Mauvais déjeuner de table d’hôte.