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claudine à l’école

— Tu as bien tort de ne pas vouloir ! On va faire des roses, on chantera, on…

— Plaisirs purs ! je vous verserai de l’eau sur la tête.

— Houche ! tais-toi ! Mais vrai, tu as gâté notre journée ; je ne serai pas gaie, ce soir, puisque tu ne seras pas là !

— Ne t’attendris pas. Je dormirai, je prendrai des forces pour le « grand jour » qu’est demain.

Redîner à table d’hôte, avec des commis-voyageurs et des marchands de chevaux. La grande Anaïs, possédée du désir de se faire remarquer, prodigue les gestes et renverse sur la nappe blanche son verre d’eau rougie. À neuf heures, nous remontons. Mes camarades se munissent de fichus contre la fraîcheur qui pourrait tomber, et moi… je rentre dans ma chambre. Oh ! je fais belle contenance, mais j’écoute sans bienveillance la clef que Mlle Sergent tourne dans la serrure et emporte dans sa poche… Voilà, on est toute seule… Presque tout de suite je les entends dans la cour, et je pourrais les voir très bien de ma fenêtre, mais pour rien au monde je n’avouerais mes regrets en montrant de la curiosité. Eh bien, quoi ? Je n’ai qu’à me coucher.

J’enlève ma ceinture, déjà, quand je tombe en arrêt devant la commode-toilette. Non, pas devant la commode-toilette, devant la porte de communication qu’elle condamne. Cette porte s’ouvre sur la chambre voisine (le verrou est de mon côté)