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claudine à l’école

possible les élèves d’un même canton, pour éviter les communications. (Il ne sait donc pas qu’on peut toujours communiquer !) Je me trouve à un bout de table, près d’une petite jeune fille en deuil, qui a de grands yeux graves. Où sont mes camarades ? Là-bas, j’aperçois Luce qui m’adresse des signes et des regards désespérés ; Marie Belhomme s’agite devant elle à une autre table ; elles pourront se passer des renseignements, ces deux faibles… Roubaud circule, distribuant de grandes feuilles timbrées de bleu au coin gauche, et des pains à cacheter. Nous connaissons toutes la manœuvre : il faut écrire au coin notre nom, avec celui de l’école où nous avons fait nos études, puis replier et cacheter ce coin. (Histoire de rassurer tout le monde sur l’impartialité des appréciations).

Cette petite formalité remplie, nous attendons qu’on veuille bien nous dicter quelque chose. Je regarde autour de moi les petites figures inconnues, dont plusieurs me font pitié, tant elles sont déjà tendues et anxieuses.

On sursaute, Roubaud a parlé dans le silence :

« Épreuve d’orthographe, Mesdemoiselles, veuillez écrire ; je ne répète qu’une seule fois la phrase que je dicte. » Il commence la dictée en se promenant dans la classe.

Grand silence recueilli. Dame ! les cinq sixièmes de ces petites jouent leur avenir. Et penser que