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claudine à l’école

Je lis, mais tout bas, en esquissant à peine les syllabes, et je traduis les phrases avant d’avoir articulé les derniers mots. Roubaud, malgré lui, pouffe de tant d’empressement à ne pas montrer mon insuffisance en anglais, et j’ai envie de le griffer. Comme si c’était ma faute !

— C’est bien. Voulez-vous me citer quelques verbes irréguliers, avec leur forme au présent et au participe passé ?

To see, voir, I saw, seen. To be, être, I was, been. To drink, boire, I drank, drunk. To…

— Assez, je vous remercie. Bonne chance, Mademoiselle.

— Vous êtes trop bon, Monsieur.

J’ai su le lendemain que ce tartufe bien mis m’avait collé une très mauvaise note, trois points au-dessous de la moyenne, de quoi me faire recaler, si les notes de l’écrit, la composition française surtout, n’avaient plaidé en ma faveur. Fiez-vous à ces sournois prétentieusement cravatés, qui lissent leurs moustaches et crayonnent votre portrait en vous coulant des regards ! Il est vrai que je l’avais vexé, mais c’est égal ; les bouledogues francs, comme le père Lacroix, valent cent fois mieux !

Délivrée de la physique et chimie ainsi que de l’anglais, je m’assieds et m’occupe de mettre un peu d’art dans le désordre de mes cheveux. Luce vient me trouver, roule complaisamment mes boucles sur son doigt, toujours chatte et frôleuse ! Elle a du courage, par cette température !