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claudine à l’école

n’ai eu que le temps d’ouvrir mon petit calepin dans ma main ; le plus fort, c’est qu’il l’a vu, ma pure parole, et qu’il n’a rien dit !

— Menteuse des menteuses ! crie l’honnête Marie Belhomme, les yeux hors de la tête, j’étais là, je regardais, il n’a rien vu du tout ; il te l’aurait ôté, on a bien ôté le décimètre à une des Villeneuve.

— Je te conseille de parler ! va donc raconter à Roubaud que la Grotte du Chien est pleine d’acide sulfurique !

Marie baisse la tête, devient rouge, et recommence à pleurer au souvenir de ses infortunes : je fais le geste d’ouvrir un parapluie et Mademoiselle sort une fois encore de son « espoir charmant » :

— Anaïs, vous êtes une gale ! Si vous tourmentez une seule de vos compagnes, je vous fais voyager seule dans un wagon à part.

— Celui des fumeurs, parfaitement, affirmè-je.

— Vous, on ne vous demande pas ça. Prenez vos valises, vos collets, ne soyez pas les éternelles engaudres[1] !

Une fois dans le train, elle ne s’occupe pas plus de nous que si nous n’existions pas ; Luce s’endort, la tête sur mon épaule ; les Jaubert s’absorbent dans la contemplation des champs qui filent, du ciel pommelé et blanc ; Anaïs se ronge les ongles ; Marie s’assoupit, elle et son chagrin.

  1. Emplâtres au figuré.