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CLAUDINE À L’ÉCOLE

trouver le soleil que leur cachent les grands arbres ; — et papa qui m’accueille d’une bonne bourrade tendre au défaut de l’épaule :

— Qu’est-ce que tu deviens donc ? Je ne te vois plus !

— Mais, papa, je viens de passer mon examen.

— Quel examen ?

Je vous dis qu’il n’y en a pas deux comme lui ! Complaisamment, je lui narre les aventures de ces derniers jours, pendant qu’il tire sa grande barbe rousse et blanche. Il paraît content. Sans doute, ses croisements de limaces lui auront fourni des résultats inespérés.

Je me suis payé quatre ou cinq jours de repos, de vagabondages aux Matignons, où je trouve Claire, ma sœur de lait, ruisselante de larmes parce que son amoureux vient de quitter Montigny sans daigner même l’en prévenir. Dans huit jours elle possédera un autre promis qui la lâchera au bout de trois mois, pas assez rusée pour retenir les gars, pas assez pratique pour se faire épouser ; et comme elle s’entête à rester sage… ça peut durer longtemps.

En attendant, elle garde ses vingt-cinq moutons, petite bergère un peu opéra-comique, un peu ridicule, avec le grand chapeau cloche qui protège son