Page:Claudine a l'Ecole.pdf/284

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
264
claudine à l’école

— Les rubans ? demande Anaïs du bout des lèvres.

(J’attendais ça).

— Blancs aussi.

— Ma chère, une vraie mariée, alors ! Tu sais, il y en a beaucoup qui seraient noires, dans tout ce blanc-là, comme des puces sur un drap.

— C’est vrai. Par bonheur, le blanc me va assez bien.

(Rage, chère enfant ! On sait qu’avec ta peau jaune tu es forcée de mettre des rubans rouges ou oranges à ta robe blanche, pour ne pas avoir l’air d’un citron.)

— Et toi ? rubans oranges ?

— Non, voyons ! J’en avais l’année dernière ! Des rubans Louis XV pékinés, faille et satin, ivoire et coquelicot. Ma robe est en lainage crème.

— Moi, annonce Marie Belhomme, à qui on ne demande rien, c’est de la mousseline blanche, et les rubans couleur pervenche, d’un bleu mauve, très joli !

— Moi, fait Luce, toujours nichée dans mes jupes ou tapie dans mon ombre, j’ai la robe, seulement je ne sais pas quels rubans y mettre ; Aimée les voudrait bleus…

— Bleus ? ta sœur est une gourde, sauf le respect que je lui dois. Avec des yeux verts comme les tiens, on ne prend pas de rubans bleus, ça fait grincer des dents. La modiste de la place vend