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claudine à l’école

Je ne l’avais pas revu depuis son « attentat », il n’a pas changé : vêtu avec son habituelle négligence recherchée, — chemise de couleur, vêtements presque blancs, une grande régate claire prise dans la ceinture qui lui sert de gilet — Mlle Sergent, comme Anaïs, comme Aimée Lanthenay, comme toutes, trouvent qu’il s’habille d’une façon suprêmement distinguée.

En parlant à ces demoiselles, il laisse errer ses yeux de mon côté, des yeux allongés, tirés sur les tempes, des yeux d’animal méchant, qu’il sait rendre doux. Il ne m’y prendra plus à me laisser emmener dans le couloir ; c’est fini, ce temps-là !

— Eh bien, petites, s’écrie-t-il, vous êtes contentes de voir un ministre ?

On répond par des murmures indistincts et respectueux.

— Attention ! Vous allez lui faire à la gare une réception soignée, toutes en blanc ! Ce n’est pas tout ; il faut, pour lui offrir des bouquets, trois grandes, dont l’une récitera un petit compliment ; ah, mais !

Nous échangeons des regards de timidité feinte et d’effarouchement menteur.

— Ne faites pas les petites dindes ! il en faut une en blanc pur, une en blanc avec rubans bleus, une en blanc avec rubans rouges, pour figurer un drapeau d’honneur, eh ! eh ! un petit drapeau pas vilain du tout ! Tu en es bien entendu, du drapeau, toi (c’est moi, ça) tu es décorative, et puis j’aime