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CLAUDINE À L’ÉCOLE

Mademoiselle qui réfléchit les sourcils froncés.

— Tant pis, il m’en faut ! s’écrie-t-elle. Toute l’étagère de gauche en manque, il faudrait des fleurs en pot. Les promeneuses, ici, tout de suite !

— Voilà, Mademoiselle !

Nous jaillissons, toutes quatre (Anaïs, Marie, Luce, Claudine), nous jaillissons du remous bourdonnant, prêtes à courir.

— Écoutez-moi. Vous allez trouver le père Caillavaut…

— Oh !!!…

Nous ne l’avons pas laissée achever. Dame, écoutez donc, le père Caillavaut est un vieil Harpagon, détraqué, mauvais comme la peste, riche démesurément, qui possède une maison et des jardins splendides, où personne n’entre que lui et son jardinier. Il est redouté comme fort méchant, haï comme avare, respecté comme mystère vivant. Et Mademoiselle voudrait que nous lui demandions des fleurs ! Elle n’y songe pas !

— … Ta ta ta ! on dirait que je vous envoie à l’abattoir ! Vous attendrirez son jardinier, et vous ne le verrez seulement pas, lui, le père Caillavaut. Et puis, quoi ? vous avez des jambes pour vous sauver, en tous cas ? Trottez !

J’emmène les trois autres qui manquent d’enthousiasme, car je me sens une envie ardente, mêlée d’une vague appréhension, de pénétrer chez le vieux maniaque. Je les stimule : « Allons,