Page:Claudine a l'Ecole.pdf/318

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
298
claudine à l’école

sous le bras, tu penses ! C’est Mademoiselle qui la lui agrafe.

— Oui, ça peut durer quelque temps.

D’en haut, la voix de la sœur aînée appelle : « Luce, viens chercher les banderoles ! »

La cour s’emplit de petites et de grandes fillettes, et tout ce blanc, sous le soleil, blesse les yeux (D’ailleurs trop de blancs différents qui se tuent les uns et les autres).

Voici Liline, avec son sourire inquiétant de Joconde sous ses ondulations dorées, et ses yeux glauques ; — et cette jeune perche de « Maltide », couverte jusqu’aux reins d’une cascade de cheveux blé mûr ; — la lignée des Vignale, cinq filles de huit à quatorze ans, toutes secouant des tignasses foisonnantes, comme teintes au henné — Jeannette, petite futée aux yeux malins, marchant sur deux tresses aussi longues qu’elle, blond foncé, pesantes comme de l’or sombre, — et tant, et tant d’autres ; et sous la lumière éclatante ces oisons flamboient.

Marie Belhomme arrive, appétissante dans sa robe crème, rubans bleus, drôlette sous sa couronne de bluets. Mais, bon Dieu, que ses mains sont grandes sous le chevreau blanc !

Enfin, voici Anaïs, et je soupire d’aise à la voir si mal coiffée, en plis cassants, sa couronne de coquelicots pourpres trop près du front lui fait un teint de morte. Avec un touchant accord, Luce et moi, nous accourons au-devant d’elle, nous écla-