Page:Claudine a l'Ecole.pdf/346

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Après moi, il s’en va tourner avec la petite Aimée, tandis que Monmond, en jaquette d’alpaga, m’invite. Je ne refuse pas, ma foi non ! Pourvu qu’ils aient des gants, je danse très volontiers avec les gars du pays (ceux que je connais bien), qui sont gentils avec moi, à leur façon. Et puis je redanse avec mon grand « habit noir » de la première valse, jusqu’au moment où je souffle un peu pendant un quadrille, pour ne pas devenir rouge, et aussi parce que le quadrille me paraît ridicule. Claire me rejoint et s’assied, douce et languissante, attendrie, ce soir, d’une mélancolie qui lui sied. Je l’interroge :

— Dis donc, on parle beaucoup de toi, à propos des assiduités du beau sous-maître ?

— Oh ! tu crois ?… On ne peut rien dire, puis qu’il n’y a rien.

— Voyons ! tu ne prétends pas faire de cachotteries avec moi ?

— Dieu non ! mais c’est la vérité qu’il n’y a rien. Tiens, nous nous sommes rencontrés deux fois, celle-ci, c’est la troisième, il parle d’une façon captivante ! Et tout à l’heure il m’a demandé si je me promenais parfois le soir du côté de la Sapinière.

— On sait ce que ça veut dire. Tu vas répondre quoi ?

Elle sourit, sans parler, d’un air hésitant et convoiteur. Elle ira. C’est drôle, ces petites filles ! En voilà une qui, depuis l’âge de quatorze ans, jolie