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claudine à l’école

cheveux foisonnants, des dents éclatantes et la bouche trois fois plus petite que les yeux ; comme pendant, une blonde pâmée qui serre un épagneul sur son corsage à rubans bleus. Au-dessus du lit d’Antonin Rabastens (il a fixé sa carte sur la porte avec quatre punaises) des banderolles s’entrecroisent, aux couleurs russes et françaises. Quoi encore ? une table avec une cuvette, deux chaises, des papillons piqués sur des bouchons de liège, des romances éparpillées sur la cheminée, et rien de plus. Nous regardons tout sans rien dire, et tout d’un coup nous nous sauvons vers le grenier en courant, oppressées de la crainte folle que le nommé Antonin (on ne s’appelle pas Antonin !) ne vienne à monter l’escalier ; notre piétinement, sur ces marches défendues, est si tapageur qu’une porte s’ouvre au rez-de-chaussée, la porte de la classe des garçons, et quelqu’un se montre, en demandant avec un drôle d’accent marseillais : « Qu’est-ce que c’est, pas moins ? Depuis demi-heure j’entends des chevox dans l’escalier ? » Nous avons encore le temps d’entrevoir un gros garçon brun avec des joues bien portantes… Là-haut, en sûreté ma complice me dit en soufflant :

— Hein, s’il savait que nous venons de sa chambre !

— Oui, il ne se consolerait pas de nous avoir ratées.

— Ratées ? reprend Anaïs avec un sérieux de