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claudine à l’école

cher et Dutertre, ce sans-le-sou, s’obstine, avec un insuccès persistant, à vouloir remplacer le vieux crétin muet mais millionnaire qui représente à la Chambre les électeurs du Fresnois. Que cette rousse passionnée soit amoureuse de lui, j’en suis sûre ! Elle tremble de rage jalouse quand elle le voit nous frôler avec trop d’insistance.

Car, je le répète, il nous honore fréquemment de ses visites, s’assied sur les tables, se tient mal, s’attarde auprès des plus grandes, surtout de moi, lit nos devoirs, nous fourre ses moustaches dans les oreilles, nous caresse le cou et nous tutoie toutes (il nous a vues si gamines !) en faisant briller ses dents de loup et ses yeux noirs. Nous le trouvons fort aimable ; mais je le sais une telle canaille que je ne ressens devant lui aucune timidité, ce qui scandalise les camarades.

C’est jour de leçon de couture, on tire l’aiguille paresseusement en causant à voix insaisissable. Bon, voilà les flocons qui commencent à tomber. Quelle chance ! On fera des glissades, on tombera beaucoup, et on se battra à coups de boules de neige. Mlle Sergent nous regarde sans nous voir, l’esprit ailleurs.

Toc ! Toc ! aux vitres. À travers les plumes tournoyantes de la neige, on aperçoit Dutertre qui frappe, tout enveloppé et coiffé de fourrures, beau garçon là-dedans, avec ses yeux luisants et ses dents qu’on voit toujours. Le premier banc (moi,