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claudine à l’école

le voici… Un bruit de voix et de rires s’approche, Mlle Sergent ouvre la porte, précédant l’irrésistible adjoint.

Splendide, le Rabastens ! Casquetté de fourrures, vêtu de bleu foncé sous son pardessus, et il se décoiffe et se dévêt en entrant, après un profond « Mesdemoiselles ! » Il a décoré son veston d’un chrysanthème rouge rouillé du meilleur goût et sa cravate impressionne, vert-de-gris avec semis d’anneaux blancs entrelacés. Une régate travaillée au miroir ! Tout de suite nous sommes rangées et convenables, avec des mains qui tirent sournoisement les corsages pour défaire jusqu’aux velléités de plis disgracieux. Marie Belhomme s’amuse déjà de si bon cœur qu’elle pouffe bruyamment, et s’arrête effrayée d’elle-même. Mlle Sergent fronce ses terribles sourcils et s’agace. Elle m’a regardée en entrant : je parie que sa petite lui raconte tout, déjà ! Je me répète obstinément qu’Aimée ne vaut pas tant de chagrin, mais je ne me persuade guère.

— Mesdemoiselles, grasseye Rabastens, l’une de vous voudra-t-elle me passer son livre ?

La grande Anaïs tend vite son Marmontel pour se mettre en valeur, et reçoit un « merci » d’amabilité exagérée. Ce gros garçon-là doit se faire des politesses devant son armoire à glace. Il est vrai qu’il n’a pas d’armoire à glace.

— Mademoiselle Claudine, me dit-il avec une œillade enchanteresse (enchanteresse pour lui,