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claudine à l’école

mains. Bon prince, il s’approche tout riant, et frappe sur l’épaule de la nigaude qui tressaille et s’effare : « Petite, qu’est-ce que te dit cette Claudine endiablée ? Tu conserves les fleurs que porte notre bel adjoint ? Dites donc, mademoiselle Sergent, vos élèves ont le cœur très éveillé, savez-vous ! Marie, veux-tu que j’en informe ta mère pour lui faire comprendre que sa fille n’est plus une gamine ? »

Pauvre Marie Belhomme ! Hors d’état de répondre un mot, elle regarde Dutertre, elle me regarde, elle regarde la Directrice, avec des yeux de biche ahurie, et va pleurer. Mlle Sergent, qui n’est pas absolument enchantée de l’occasion qu’a trouvée le délégué cantonal de bavarder avec nous, le contemple avec des yeux jaloux et admiratifs ; elle n’ose pas l’emmener (je le connais assez pour croire qu’il lui refuserait avec aisance). Moi, je jubile de la confusion de Marie, du mécontentement impatient de Mlle Sergent (et sa petite Aimée, (elle ne lui suffit donc plus ?) et aussi de voir le plaisir qu’éprouve notre bon docteur à rester près de nous. Il faut croire que mes yeux disent l’état de rage et de contentement où je suis, car il rit en montrant ses dents pointues :

— Claudine, qu’as-tu à pétiller ainsi ? C’est la méchanceté qui t’agite ?

Je réponds « oui » de la tête, en secouant mes cheveux, sans parler, irrévérence qui fait froncer les sourcils touffus de Mlle Sergent. Ça m’est bien