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chap. iii. — du combat en général.

tissement total ou partiel de l’adversaire comme le but de tous les combats.

Bien plus, nous soutenons que dans la majorité des cas et principalement dans les grands engagements, le but particulier de chaque combat n’a jamais qu’une importance accessoire, suffisante il est vrai pour individualiser le combat, mais infiniment inférieure à celle du but général, si bien que l’obtention du but particulier ne constitue jamais que la partie de beaucoup la moins importante du résultat général à obtenir. Si cette affirmation est exacte, il faut en conclure que la conception par laquelle, le but de chaque combat étant différent, l’anéantissement des forces armées de l’ennemi ne constitue pas ce but mais seulement le moyen d’y parvenir, bien que vraie dans la forme, conduirait infailliblement à de fausses conclusions si l’on venait à perdre de vue que le but général n’étant que fort peu modifié par le but particulier, l’anéantissement de l’ennemi, par le fait qu’il constitue le premier de ces buts, se retrouve nécessairement toujours dans le second.

C’est en raison de cet oubli que dans les guerres qui ont précédé celles de la Révolution et de l’Empire français, on a vu se manifester les tendances les plus fausses et des fragments de systèmes dans lesquels on se figurait d’autant plus grandir l’art militaire, qu’on privait davantage la guerre de l’usage de l’unique instrument qui lui soit propre, l’anéantissement des forces de l’ennemi.

Il va de soi que, pour donner créance à ces rêveries théoriques, il a fallu recourir aux plus fausses hypothèses, et substituer à l’acte de destruction des agents d’une efficacité absolument imaginaire. Nous ne pourrons signaler et combattre ces erreurs qu’au fur et à mesure que nous en trouverons l’occasion, mais nous

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