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chap. vii. — moment décisif dans le combat.

Ce moment se trouve nécessairement retardé lorsque la nuit surprend le vainqueur pendant l’état de crise, et plus encore lorsque la contrée est couverte et coupée. Il est à remarquer cependant, à ce propos, que la nuit garantit, par contre, à peu près sûrement le vainqueur de tout retour offensif de la part du vaincu. Il est extrêmement rare, en effet, qu’en pareille occurrence une attaque de nuit produise un bon résultat, ainsi que le prouve d’une façon frappante la non-réussite de celle que Marmont tenta contre York le 10 mars 1814 à la bataille de Laon.

Pendant qu’il se trouve encore dans l’état de crise, une contrée couverte et coupée protège également le vainqueur contre un retour offensif de l’ennemi. Ce sont donc là, en somme, deux circonstances qui ne sauraient en rien faciliter le renouvellement et le rétablissement d’un combat.

Jusqu’ici nous avons considéré l’immixtion dans le combat des troupes de renfort qui se portent au secours de celui des deux adversaires en voie d’être défait, comme se produisant directement, c’est-à-dire par les derrières de la ligne de bataille. C’est le cas habituel, et, ainsi reçues, les troupes de renfort ne constituent qu’une augmentation matérielle des forces, tandis que dirigées dans le flanc ou sur les derrières de l’ennemi, leur apparition produit parfois les effets moraux les plus puissants. Il faut cependant que les circonstances se prêtent à cette manière de procéder, car dans le cas contraire l’action du secours n’en est que de beaucoup affaiblie. Ici comme partout, c’est donc uniquement encore des conditions dans lesquelles le combat se poursuit qu’il faut prendre conseil. Nous nous bornerons cependant à faire les deux remarques suivantes qui ont de l’importance à ce sujet.

La première est que, dans la généralité des cas, les