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Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, I.djvu/157

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le combat.

saires entrant en lice et se plaçant volontairement sur un terrain accessible, l’autre acceptait le défi, marchait à sa rencontre et entrait pareillement dans la carrière. On pouvait donc alors, plus logiquement qu’aujourd’hui, dire que le combat offert d’un côté avait été refusé de l’autre.

Cependant lorsqu’on lit dans l’histoire qu’Annibal a en vain offert le combat à Fabius, cela n’indique nullement la supériorité matérielle ou morale du premier sur le second, mais seulement que, dans la circonstance, Annibal désirait en venir aux mains, tandis que cela n’entrait pas dans le plan de Fabius.

Dans les premiers temps des armées modernes, ces considérations, bien que moins influentes et moins générales, s’imposaient encore dans les grands engagements et dans les batailles. En effet, dès qu’il s’agissait de remuer des masses de troupes considérables, l’ordre de bataille encore trop inflexible et trop lourd, ne se prêtait pas plus dans l’offensive que dans la défensive aux exigences d’un terrain coupé, couvert ou montagneux, et le moindre obstacle que présentait le théâtre de guerre permettait au défenseur d’éviter la bataille que recherchait l’attaquant. Cet état de choses se maintint, quoiqu’en s’affaiblissant graduellement, jusque dans les premières guerres de Silésie, et ce ne fut que dans la guerre de Sept Ans que l’on vit enfin l’attaqué continuer habituellement à poursuivre son action même en pays accidenté.

Depuis les guerres de la Révolution française, la direction a atteint la perfection à ce sujet, et pour peu que l’attaquant veuille vraiment une solution par les armes, il n’est pas de terrain sur lequel il ne puisse aujourd’hui aller chercher le défenseur. Or comme celui-ci, aussi longtemps qu’il n’abandonne pas la position sur laquelle il s’est placé, doit être considéré