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Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, I.djvu/202

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chap. xiii. — retraite après une bataille perdue.

nissent l’occasion, des retours offensifs exécutés parfois par l’armée entière, voire même de véritables petites batailles improvisées à propos, tels sont les moyens d’application de ce principe.

Il va de soi que la retraite présentera d’autant plus de difficultés pour le vaincu que les conditions dans lesquelles il aura livré la bataille lui auront été plus défavorables et que la victoire y aura été plus disputée. Les batailles d’Iéna et de la Belle-Alliance (Waterloo) fournissent de frappants exemples du désordre inévitable de toute retraite exécutée par une armée qu’on a laissée lutter jusqu’à épuisement contre un ennemi supérieur.

Quelques auteurs, Lloyd et Bulow entre autres, conseillent d’exécuter la retraite par grandes masses séparées, suivant des directions divergentes. Autant ce partage est logique quand on n’y a recours que pour marcher avec plus de facilité et en conservant toujours la possibilité de se concentrer pour une action commune, autant nous le tenons ici pour fautif, irrationnel et dangereux. Affaibli et désuni par sa défaite, le premier besoin du vaincu est, en effet, de réunir ses troupes afin d’y rétablir l’ordre, le courage et la confiance. Il faudrait que le vainqueur fût aussi timide qu’inexpérimenté pour qu’on pût l’arrêter ainsi, dans la poursuite de son succès, par la crainte chimérique qu’une pareille manœuvre lui inspirerait pour ses flancs. Il peut certainement se faire que les rapports stratégiques dans lesquels on se trouve après la bataille exigent que l’on se couvre à droite et à gauche par des corps détachés, mais on ne peut en tout cas considérer cela que comme une aggravation de la situation et, d’ailleurs, on ne sera que rarement en état d’y faire face dès le premier jour de la retraite.

Frédéric le Grand, après avoir perdu la bataille de