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Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, I.djvu/248

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chap. v. — ordre de bataille de l’armée.

mandement en chef serait absolument neutralisé. Ajoutons qu’il serait fort dangereux de fixer en principe que l’on attendra l’éventualité d’une guerre pour déterminer, en se basant sur la tactique élémentaire et sur la tactique supérieure, quelle sera la force des grandes et des petites subdivisions de l’armée pendant les opérations militaires. Ce serait ouvrir la porte à l’arbitraire et Dieu sait quelle carrière énorme les raisonnements ont déjà prise à ce sujet ! Par contre, rien n’est plus logique et plus rationnel que de se rendre à la nécessité évidente de partager une grande armée en grandes subdivisions indépendantes. En se plaçant à ce point de vue, on part d’une base essentiellement stratégique pour déterminer le nombre, et conséquemment la force de ces grandes subdivisions, en laissant à la tactique le soin qui lui revient en propre de fixer d’avance les unités d’ordre inférieur, telles que les compagnies, les bataillons, etc.

Il va de soi, tout d’abord, que du moment qu’il peut être appelé à agir isolément, tout corps de troupe, si petit qu’il soit d’ailleurs, se doit fractionner pour le moins en trois subdivisions, de sorte que celle de ces subdivisions formant la portion centrale se trouve couverte par l’action des deux autres, dont l’une sera portée en avant et l’autre retenue en arrière. Il paraîtra sans doute encore plus rationnel, la portion centrale devant être logiquement la plus forte, de fractionner ce corps de troupe en quatre subdivisions. En poussant plus loin le raisonnement on en arrivera successivement à imaginer un fractionnement en huit subdivisions, fractionnement qui nous paraît être le préférable, comme répondant à la nécessité constante de placer une subdivision à l’avant-garde, trois à la portion centrale pour y constituer le centre et les deux ailes, deux à l’arrière-garde, et les deux dernières à quelque distance à droite et à