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Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, I.djvu/30

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chap. iii. — les grandeurs morales.

présentent ce double caractère, et se composent de causes et d’effets dont les uns sont d’ordre physique et les autres d’ordre moral. Si nous nous permettons, ici, une comparaison, nous nous représenterons les premiers comme le bois brut dont on fait la hampe d’une lance, et les seconds comme le dard aciéré de fin métal qui élève le tout à la dignité d’arme de guerre.

L’étude de l’histoire révèle la valeur des grandeurs morales et l’influence souvent incroyable qu’elles exercent. C’est là la plus pure et la plus noble source à laquelle l’esprit d’un général en chef puisse puiser. Il est à remarquer, cependant, que ce sont bien moins les démonstrations, les recherches critiques et les dissertations savantes que les éclairs instantanés de l’esprit, ses sensations et ses impressions générales qui font découvrir à l’âme les germes de vérité qui la peuvent ainsi féconder.

Nous pourrions examiner chacun des principaux phénomènes de la guerre, et en minutieusement rechercher le pour et le contre, mais, en suivant cette méthode, l’esprit s’égare facilement dans l’analyse, on risque de tomber dans les banalités et les lieux communs, et d’en arriver, sans s’en apercevoir, à ne dire que des choses déjà connues. Nous préférons être plus bref, et, restant ainsi fidèle à l’esprit dans lequel ce livre est conçu, n’aborder les sujets que par les côtés seuls qui en font ressortir l’importance.