Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, I.djvu/304

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
293
chap. viii. — mode d’action des corps avancés.

peuvent servir de bases extrêmes à l’évaluation de la durée de la résistance qu’un corps avancé est en état d’opposer, selon la distance à laquelle il est détaché de l’armée.

Depuis le moment où elle est attaquée jusqu’à celui où elle est recueillie, une division de 10 à 12 000 hommes, portée à 4 milles (30 kilomètres) en avant et appuyée par une quantité suffisante de cavalerie, est en mesure, sur un terrain ordinaire tant soit peu favorable à la défense, de contenir l’ennemi pendant un laps de temps environ une demi-fois supérieur à celui qu’elle devrait consacrer a sa retraite seule.

Dans les mêmes conditions de force et de terrain, mais détachée seulement à 1 mille (7 kilomètres 1/2) en avant de l’armée, cette division maintiendra certainement l’ennemi pendant un temps double ou triple de celui qu’elle mettrait à se retirer simplement sur l’armée.

Ainsi donc, lorsque la division d’avant-garde aura été portée à une distance de 4 milles (30 kilomètres) en avant de l’armée, cette distance ne pouvant être parcourue qu’en 10 heures dans les circonstances ordinaires, il s’écoulera vraisemblablement 15 heures entre le moment où l’ennemi se portera sur l’avant-garde et celui où l’armée devra entrer elle-même en action. Si au contraire l’avant-garde ne se trouve détachée qu’à 1 mille (7 à 8 kilomètres) en avant, se sentant alors appuyée de plus près par le gros de l’armée, sa résistance sera dès le principe beaucoup plus effective. Or les dispositions d’attaque de l’ennemi restant forcément les mêmes dans les deux cas, il en résultera que dans le second l’armée disposera certainement encore de 2 à 3 heures pour le moins, et parfois même de 4 à 6 pour se préparer au combat.

Il découle de là, et l’expérience confirme généralement