Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, I.djvu/347

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
336
les forces armées.

laissera disposer pour la concentration des troupes.

Nous avons dit, au chapitre III du présent livre, comment se doit calculer la durée de cette résistance. En en retranchant le temps nécessaire à la transmission des ordres et à la mise en marche des troupes, on en arrive à la mesure absolue du temps qui peut être consacré aux mouvements de concentration.

Pour conclure et pour fixer les idées à ce sujet, nous exposerons ici un résultat qui se produit fréquemment dans les conditions habituelles.

Lorsque le point de concentration est choisi vers le centre des cantonnements et que, dans leur ensemble, ces cantonnements ne s’étendent pas au delà d’un rayon égal à la distance à laquelle est placée l’avant-garde, le temps que fait gagner l’arrêt que la résistance de cette dernière impose aux approches de l’ennemi, suffit généralement à la communication des ordres et à la mise en marche des troupes, alors même que la nouvelle de l’attaque, au lieu d’arriver au quartier général par un système de signaux ou par un nombre convenu de coups de canon, n’y parvient que par un service de relais d’ordonnance, ce qui d’ailleurs peut seul donner la certitude désirable à la transmission des nouvelles.

D’après ces données, en portant l’avant-garde à trois milles (22 kilomètres) en avant, on peut étendre les cantonnements sur une surface d’environ trente mille carrés (1 650 kilomètres carrés).

Dans un pays de population moyenne on trouve sur un espace de cette dimension quelque dix mille foyers, ce qui, pour une armée de 50 000 hommes non compris l’avant-garde, permet de répartir 4 hommes par foyer. C’est là une proportion excellente. Alors même que l’armée présenterait un effectif double, cela ne lui constituerait pas encore des cantonnements trop étroits, car à la rigueur on peut placer 9 hommes par foyer.