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chap. xiv. — de l’alimentation des troupes.

outre mesure, combien de fois n’a-t-on pas vu se ternir la gloire des plus brillantes victoires et s’évanouir la possibilité d’achever une conquête à laquelle on touchait déjà ! Combien de fois, pour ne pas laisser l’armée succomber aux privations et à la misère qui en résultaient aussitôt pour elle, n’a-t-on pas dû se décider à une retraite si précipitée et si critique, qu’elle a bientôt pris le caractère d’une véritable déroute !

Le fourrage, qui d’habitude est la denrée qu’on se procure le plus facilement au début d’une campagne, est, par contre, la première qui fait défaut lorsque se produit l’épuisement des contrées où l’on opère. Or, bien qu’en raison du volume les fourrages constituent l’objet d’alimentation qu’on est le moins en état de tirer de points éloignés, on n’en a que rarement en réserve, et pourtant le cheval résiste bien moins que l’homme aux privations. On voit donc qu’un excès en cavalerie ou en artillerie peut devenir tout à la fois un fardeau et un principe d’affaiblissement pour une armée en campagne.