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chap. xvii. — du terrain.

tincts, il est des circonstances décisives dans lesquelles une armée ne peut pas plus lutter sans cesse réunie que combattre toujours dispersée.

L’armée française, en Espagne, fut obligée par exemple de disséminer ses forces, tandis que les Espagnols, qui soulevés en masse défendaient le sol de la patrie, durent réunir une partie des leurs sur de vastes champs de bataille.

C’est donc au rapport qui doit exister entre la nature du terrain et la constitution générale et surtout politique des troupes, qu’il faut accorder le plus d’importance, puis, immédiatement après, à la fixation de la proportion que, selon la constitution topographique de la contrée, il convient d’apporter entre les trois armes.

En pays très boisé l’artillerie est à peu près inutile, car elle peut facilement alors manquer de l’espace indispensable à son emploi, du fourrage nécessaire à ses chevaux et des moyens de circulation qu’exigent ses mouvements. En pays cultivé et surtout en pays montagneux elle reprend une partie de sa valeur. En effet, bien qu’à cause des couverts qu’ils offrent, ces deux espèces de terrain exposent fréquemment le lourd matériel de l’artillerie aux surprises de l’infanterie ennemie et présentent de grands désavantages à l’action d’une arme qui n’a de force que par la puissance de son feu, néanmoins une artillerie nombreuse y trouve généralement des espaces assez étendus pour y pouvoir développer son tir. Or les effets de celui-ci se trouvent considérablement accrus dans les montagnes par la lenteur que la difficulté du terrain impose aux mouvements de l’ennemi.

Il va de soi qu’une cavalerie nombreuse est absolument inutile sur tous les terrains peu praticables, qu’ils soient très accidentés, très boisés ou très cultivés.