Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, I.djvu/415

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
404
les forces armées.

lecteurs s’y sont laissé prendre, sans s’apercevoir qu’ils ne puisaient là que dans le tonneau sans fond des Danaïdes.

C’est ainsi qu’on en est arrivé à tenir les conditions que le sujet doit remplir pour le sujet lui-même, et à regarder le seul fait de la prise de possession d’une position dominante comme un acte effectif de puissance militaire, ou, en d’autres termes, comme un véritable coup porté à l’ennemi. Or cette prise de possession n’est qu’un mouvement préparatoire, tel par exemple que celui de lever le bras avant de frapper, de même qu’une position ainsi prise n’est qu’un instrument inerte dans le principe, mais qui cessera de l’être au moment où devra s’effectuer le travail auquel il est destiné. Ce ne sont là, en effet, que des signes ou appelés à modifier une grandeur tout d’abord absente.

Cette grandeur c’est le combat, le combat victorieux.

C’est avec cet élément seul qu’il faut compter, car seul il a une valeur complète, une valeur décisive. C’est là ce qu’il faut sans cesse avoir présent à la pensée, qu’il s’agisse de la critique scientifique ou de l’action militaire elle-même.

Or si ce sont les combats heureux qui décident seuls par leur nombre et par leur importance, il est clair que c’est le rapport de valeur existant entre les armées ainsi qu’entre les commandants en chef opposés qui se représente sans cesse à la guerre, et que par conséquent l’influence du terrain n’y joue qu’un rôle subordonné.


fin du premier volume.