Aller au contenu

Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, I.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE VII.

la persévérance.


Si le lecteur s’attendait à rencontrer dans cet ouvrage des lignes, des angles et des formules scientifiques, il doit s’étonner de ce que, jusqu’ici, nous n’ayons encore parlé que des choses les plus simples et les plus ordinaires. Nous continuerons néanmoins à procéder ainsi, ne pouvant, en somme, montrer plus de science que le sujet n’en comporte.

À la guerre plus que dans aucune des autres fonctions de l’activité humaine, les choses se montrent généralement tout autres qu’on ne les a pensées, et présentent des aspects différents selon qu’on les considère de loin ou de près. L’ingénieur voit avec calme s’élever son œuvre selon le plan qu’il en a tracé ; le médecin, bien qu’exposé à des effets plus inattendus, connaît, du moins, la composition et l’action des remèdes qu’il prescrit ; à la guerre, celui qui a la direction de la masse, soumis, tout d’abord, aux hasards les plus nombreux, gouverne, en outre, sur des flots sans cesse changeants. Il lui faut choisir entre les nouvelles vraies ou fausses, obvier aux fautes que la crainte, la négligence ou la précipitation font commettre, apprécier enfin si, réelles ou simulées, les résistances qu’il rencontre proviennent de la fausse application des ordres, de la mauvaise volonté,