Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, I.djvu/77

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
66
de la stratégie en général.

ce qu’il croit nécessaire à l’obtention de ce résultat. C’est ainsi que l’on procède dans le combat, tout d’abord parce que l’arme à feu est la base foncière de la tactique, mais aussi par d’autres raisons que nous allons exposer au lecteur.


Étant donné que dans un combat de mousqueterie entre deux troupes d’effectif différent (supposons ici, pour faciliter le raisonnement, mille grenadiers d’un côté et cinq cents voltigeurs de l’autre), les autres conditions de la lutte soient rigoureusement égales, la perte en hommes sera nécessairement, de part et d’autre, la résultante des rapports d’effectif et de tir existant entre les forces engagées. Les mille grenadiers tireront une fois plus de coups de fusil que les cinq cents voltigeurs ; mais étant plus nombreux que ceux-ci, ils offriront plus de probabilité au tir de leurs adversaires, et recevront par suite plus de balles portantes. Si, poussant plus loin le raisonnement, on admet que les grenadiers étant une fois plus nombreux, recevront le double de blessures, le chiffre des hommes hors de combat sera, de part et d’autre, constamment égal pendant toute la durée de l’action. Or si, les choses se poursuivant ainsi, au moment par exemple où il y aura 200 hommes blessés de chaque bord, les 500 voltigeurs sont soutenus par l’arrivée en ligne de 500 autres voltigeurs jusque-là intentionnellement et prudemment tenus en réserve hors de toute atteinte du feu, l’avantage passera aussitôt de leur côté. Il y aura en effet, dès lors, de part et d’autre, 800 combattants ; mais tandis que du côté des grenadiers ces 800 combattants seront tous également fatigués, désunis et appauvris de munitions par le combat, du côté des voltigeurs pour 300 combattants dans la même situation affaiblie, il y en aura 500 de troupes absolument fraîches, c’est-à-dire en ordre