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chap. i. — de l’attaque et de la défense.

part de l’attaquant, quel qu’en soit le motif, tourne au profit du défenseur. C’est là ce qui, pendant la guerre de Sept Ans, a plusieurs fois sauvé l’état prussien d’une perte imminente. Cet avantage, qui découle de la nature même de la défensive, se retrouve dans la vie ordinaire et est exprimé dans la controverse de droit, qui a tant d’analogie avec la guerre, par la maxime : beati sunt possidentes. À ce premier avantage s’en ajoute un second dont la défensive jouit au moment même de la lutte ; c’est l’aide spéciale qu’elle tire du terrain.

Ces notions générales une fois fixées, passons au développement du sujet.

Petit ou grand un combat est défensif quand, laissant l’initiative de l’attaque à l’ennemi, on attend celui-ci sur la position que l’on occupe. À partir du moment où l’action commence, le défenseur peut faire usage de tous les moyens offensifs sans pour cela renoncer aux avantages primordiaux que la défensive tire de l’attente et de l’appui du terrain. Il en est de même dans la stratégie, les facteurs se modifient seuls ; ils étaient tout à l’heure le combat et la position, ils sont maintenant la campagne et le théâtre de la guerre, et deviendront plus tard la guerre dans son ensemble et la totalité du pays. Dans l’un comme dans l’autre de ces moments stratégiques, les règles de la défensive demeurent ce qu’elles étaient dans la tactique.

Le but de la défensive étant la conservation tandis que celui de l’offensive est la conquête, nous en avons déduit tout d’abord que l’action de la première était, généralement parlant, plus facile que celle de la seconde. Mais de la diversité de ces deux buts naît encore une distinction capitale entre les deux formes de la guerre. En effet, et en raison de ce que la conservation ne comporte qu’un but négatif tandis que la con-