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la défensive.

Passons maintenant à l’étude de la seconde question.


2o Les places fortes doivent-elles être toutes situées sur la frontière, ou vaut-il mieux les répartir sur la surface entière du pays ?


Nous ferons remarquer, tout d’abord, qu’alors qu’il ne s’agit que de petits États cela ne fait pas question, car ce que l’on nomme stratégiquement une frontière a plus de largeur que ne le comporte la superficie d’un petit État. Par contre, plus l’État est grand et plus la question prend d’importance.

La réponse qui paraîtrait la plus naturelle serait d’assigner aux frontières l’emplacement des places fortes. En effet, les places fortes doivent défendre l’État, et l’État est défendu tant que les frontières le sont elles-mêmes. Il est certain que si l’on s’en tenait à cette fixation elle aurait une valeur générale ; cependant les considérations que nous allons exposer vont faire voir combien de restrictions peuvent s’imposer à ce propos.

Toutes les fois que la défense est en droit de compter sur l’appui d’alliances étrangères, elle a le plus grand intérêt à gagner du temps. Elle ne se borne plus, dès lors, à offrir une grande résistance et à riposter vigoureusement à l’attaque, mais cherche au contraire à procéder lentement, et son but principal n’est plus l’affaiblissement immédiat de l’envahisseur, mais bien surtout de faire traîner les opérations en longueur. Cependant, et toutes choses égales d’ailleurs, il est dans la nature même du sujet que des forteresses réparties sur toute la surface du pays et renfermant entre elles de grands espaces offrent une plus longue résistance que celles qui sont accumulées sur une ligne régulière. Ce serait en outre agir de la façon la plus contradictoire, que de placer les points fortifiés uniquement sur la frontière,