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la défensive.

gneux favorise l’attaque et contrarie la défense. L’opinion générale est en opposition formelle avec nous à ce propos ; mais avec quelle facilité ne confond-elle pas les choses les plus opposées, pour peu qu’elles aient un semblant de rapport entre elles ! De la résistance extraordinaire que de petits postes isolés sont en état d’opposer dans les montagnes, elle a conclu à la puissance absolue de la défense dans les terrains montagneux, et ne peut revenir de son étonnement lorsque quelqu’un, acceptant cette conclusion quand il ne s’agit que de combats partiels, la repousse dès qu’il est question d’une bataille générale ou, en d’autres termes, de l’acte capital, de l’action absolue de la résistance. Là ne s’arrête pas, d’ailleurs, l’erreur de l’opinion générale, car, pour justifier sa manière de voir, elle est toujours prête, à chaque nouvelle bataille défensive perdue dans les montagnes, à attribuer les causes de cette défaite au système de cordons, sans se rendre compte que l’application du système est la conséquence inévitable de la nature même du sujet. Nous ne nous faisons donc aucun scrupule de nous montrer en contradiction avec elle ; mais nous sommes heureux de pouvoir, du moins, citer un livre dont, à tous points de vue, nous estimons très fort l’auteur, et qui appuie notre manière de voir. Nous voulons parler de la relation que l’archiduc Charles a publiée des campagnes de 1796 et 1797. Or l’Archiduc est à la fois un grand général, un grand critique et un grand historien.

Un général en chef, chargé de la défense d’une nation relativement faible vis-à-vis d’une attaque imminente, a rassemblé ses forces au prix des plus grands efforts et des plus grandes peines ; dans son amour de la patrie, dans son enthousiasme, dans son ardeur, il espère écraser l’envahisseur. Le pays entier, plein d’angoisses, a les yeux fixés sur lui ; nous ne pouvons donc