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chap. xx. — inondations, marais.

1o Le sol même est solide et consiste, partie en prairies sèches, partie en terres labourables.

2o Une quantité de fossés d’irrigation et d’assèchement, plus ou moins larges et profonds, partagent le sol en bandes parallèles.

3o Des canaux de plus grandes dimensions, destinés aux irrigations, à l’assèchement et à la navigation, et formés et maintenus par des digues, sillonnent la contrée dans toutes les directions, et ne peuvent être franchis que sur des ponts.

4o Le sol entier du terrain inondable est sensiblement inférieur au niveau de la mer, et par conséquent aussi à celui des canaux.

5o Il résulte de ces dispositions constitutives, que, en perçant les digues et en fermant ou ouvrant les écluses, on peut couvrir d’eau le pays de telle sorte que les chemins qui suivent les digues les plus élevées restent seuls à sec, tandis que les autres, complètement détrempés et inondés, deviennent impraticables. Alors même que l’inondation n’atteindrait ainsi que 3 ou 4 pieds d’élévation et présenterait encore quelques portions guéables sur de courtes étendues, on ne pourrait néanmoins tirer parti de ce fait en raison des petits fossés d’irrigation dont nous avons parlé plus haut et qui, cachés dès lors sous les eaux, apporteraient à tout essai de pénétration dans l’intérieur un obstacle toujours inattendu et sans cesse renaissant. Ce n’est que là où la direction des fossés serait telle, que l’on pourrait marcher entre deux d’entre eux sans avoir jamais besoin de les franchir, que l’inondation cesserait d’interdire l’accès dans le cœur du pays. Or on comprend que ce soit là un cas qui ne se peut présenter que sur des espaces très restreints, et dont, par conséquent, la tactique seule pourrait tirer quelque parti dans des circonstances toutes spéciales.