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Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, II.djvu/277

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chap. xxv. — retraite dans l’intérieur du pays.

l’invasion. Les Français, en effet, ne mirent en ligne que 130 000 hommes environ à la bataille de Borodino (la Moskowa), et rien n’autorise à croire qu’ils se fussent trouvés plus nombreux, au cas où les Russes eussent accepté la bataille à mi-chemin de Smolensk à Kalouga. Dans cette supposition, les Français n’eussent pu, sans trop s’affaiblir, diriger sur Moscou qu’un corps de faible effectif. Or Smolensk est éloigné de Moscou de 50 milles (370 kilomètres), et, à une pareille distance, on ne peut songer à opérer contre une ville de l’importance de Moscou qu’avec un corps de troupes considérable.

En supposant même que Bonaparte, qui, après les combats livrés jusqu’alors, disposait encore de 160 000 hommes, eût cru pouvoir risquer d’en diriger 40 000 sur Moscou avant d’avoir livré une grande bataille, il n’eût alors laissé que 120 000 combattants en présence du gros de l’armée russe. Or, selon toutes les probabilités, cet effectif serait descendu à environ 90 000 hommes au moment où la bataille aurait eu lieu à mi-chemin de Smolensk à Kalouga. Les Français se fussent donc trouvés, dans cette journée, de 40 000 hommes plus faibles qu’à celle de Borodino, ce qui, par contre, eût donné aux Russes une supériorité de 30 000 combattants.

Si, maintenant, on prend pour mesure la marche que suivit la lutte à Borodino, il paraît vraisemblable que cette supériorité numérique eût donné la victoire aux Russes. Il est pour le moins certain que, en opérant ainsi, les Russes se fussent placés dans des rapports bien autrement favorables que ceux dans lesquels ils se trouvèrent à la journée de Borodino.

Mais nous l’avons déjà dit, la retraite des Russes n’a pas été la conséquence d’un plan réfléchi arrêté d’avance. Ils ne reculèrent ainsi que parce que, chaque