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chap. v. — défense stratégique.

hisseur. Le conquérant, comme Bonaparte l’a sans cesse prétendu, est toujours animé des intentions les plus pacifiques et ne demande, en somme, qu’à entrer sans effusion de sang dans notre pays, mais nous qui naturellement ne voulons pas y consentir, nous sommes bien obligés de vouloir la guerre, et par conséquent de nous y préparer d’avance ; ce qui revient à dire que ce sont les États les plus faibles, ceux qui sont fatalement destinés au rôle de défenseur, qui doivent sans cesse être prêts à toute éventualité et ne pas se laisser surprendre. Ainsi l’exige l’art de la guerre.

Si donc on veut se faire une idée juste de ce que doit être la défensive dans toute l’acception du mot, il faut se la représenter avec la plus complète préparation de tous ses moyens, avec une armée solide et instruite, avec un général en chef qui, loin d’attendre l’approche de l’ennemi dans les angoisses de l’indécision et de la perplexité, l’attend plein de calme et de circonspection, sur un terrain choisi d’avance, appuyé par des forteresses qui ne redoutent aucun siège, et soutenu par un peuple énergique et sain qui ne craint pas plus son adversaire qu’il n’en est craint lui-même. Dans de pareilles conditions, la défense ne jouera plus certainement un si vilain rôle vis-à-vis l’attaque, et celle-ci, par contre, ne paraîtra ni aussi facile ni aussi infaillible que le prétendent ceux qui ne veulent voir que paralysie et impuissance du côté de la première, et courage, force de volonté et puissance de mouvement du côté de la seconde.



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