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la défensive.


2o Les places fortes conservent à la défense ses villes les plus riches et ses plus grands centres de population.


Les forteresses jouent ici à peu près le même rôle que dans l’article précédent. Les grands centres de population, les grandes villes et particulièrement les places de commerce sont les magasins d’approvisionnements naturels des armées. Leur possession ou leur perte intéresse donc directement la défense. Il est, en outre, une autre considération qui donne une grande valeur à la conservation de cette partie importante de la richesse nationale, c’est que le fait d’en être encore en possession au moment où se produisent les négociations pour la paix pèse d’un poids considérable sur les décisions en faveur de la défense.

Dans les derniers temps on n’a généralement que trop peu apprécié ce côté tout à la fois si naturel et si logique du rôle des places fortes dans l’acte définitif. Il est certain, cependant, que s’il existait quelque part un État dont non seulement toutes les grandes villes et les cités les plus riches, mais encore tous les centres de population de quelque importance fussent fortifiés et en situation d’être défendus par leurs propres habitants et les paysans des environs, le mouvement de l’invasion en serait tellement ralenti et le peuple attaqué pèserait d’une partie si considérable de tout son poids dans l’action générale que, malgré la force de volonté la plus grande et le talent le plus incontestable de la part du général attaquant, la valeur de celui-ci trouverait à peine la possibilité de se manifester dans un pareil milieu. Nous n’évoquons ici cet idéal d’un pays fortifié dans chacune de ses parties, que pour mieux attirer l’attention sur ce côté spécial du rôle des forteresses et faire clairement ressortir l’importance de l’appui direct