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Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, II.djvu/97

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chap. x. — places fortes.

outre de laisser les détachements en mouvement prendre, sans aucune crainte de surprise, un repos à la suite duquel on peut augmenter d’autant la rapidité de leur marche. C’est ainsi qu’une ligne de communications de 30 milles (225 kilomètres) se trouve en quelque sorte raccourcie de moitié par une place forte située vers son milieu.


6o Les places offrent des refuges aux corps battus ou trop faiblement constitués.


Pour peu qu’une forteresse soit de moyenne importance, alors même qu’elle ne couvre aucun camp retranché proprement dit, un corps de troupe placé sous ses feux est toujours à l’abri des coups de l’ennemi. Il est vrai que si le corps de troupe reste tant soit peu longtemps sous cette protection il perd parfois toute possibilité de continuer sa retraite, mais il se présente des circonstances où cela ne constitue pas un bien grand sacrifice, et où cette continuation de retraite n’amènerait précisément qu’une destruction complète.

Dans le plus grand nombre des cas, au contraire, une forteresse placée sur la ligne de retraite d’une armée battue peut procurer aux corps de cette armée un séjour de plusieurs jours, sans que pour cela leur retraite en soit compromise. Dans de semblables conditions une forteresse devient un lieu de refuge pour les hommes légèrement blessés ou disparus pendant l’affaire, et leur permet ainsi de rejoindre leurs corps respectifs lors du passage de ces derniers dans la zone de protection de la place.

Si en 1806 leur ligne de retraite n’eût pas déjà été perdue à Auerstaedt et les eût conduit par Magdebourg, les Prussiens eussent très opportunément pu s’arrêter pendant quelques jours sous les murs de cette place,