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Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, III.djvu/162

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CHAPITRE VI. A.

influence du but politique sur le but militaire.


Jamais on ne verra un État apporter autant d’énergie à soutenir la cause d’un autre que la sienne propre. On envoie une armée de secours, mais, si l’action commune tourne mal, on considère l’obligation comme à peu près remplie et on cherche à s’en tirer au mieux de ses intérêts.

Il est de tradition en Europe que les États s’engagent les uns envers les autres, par des traités d’alliance offensive et défensive, à se prêter un mutuel appui en cas de guerre, sans mettre cependant par là leurs intérêts et leurs inimitiés en commun, mais en se bornant à se promettre réciproquement des troupes d’effectifs déterminés et généralement très restreints et sans plus avoir à tenir compte de l’objet même de la guerre que de la grandeur des moyens que l’adversaire y mettra en œuvre. Par un pareil acte, les contractants ne se considèrent point comme engagés dans une guerre proprement dite devant commencer par une déclaration en forme pour ne finir que par un traité de paix. L’idée n’a jamais été nettement déterminée à ce propos et l’usage est constamment variable.